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ÉLOGE DE M. BUCQUET.

Plusieurs chimistes, médiocres sans doute (car, en général, ce n’est pas à ceux qui possèdent le mieux une science, qu’on peut reprocher d’en abuser en lui donnant trop d’étendue), plusieurs chimistes avaient fait de la chimie à la médecine des applications aussi ridicules dans la théorie que dangereuses dans la pratique. La plupart de ces théories ont disparu ; mais quelques-uns des préjugés qu’elles ont introduits dans la médecine ont subsisté après elles. M. Bucquet employait une partie de ses cours à combattre ces préjugés, à montrer combien les principes chimiques qui leur servaient de base étaient précaires, combien l’application en était fausse. Comme il comptait beaucoup de médecins parmi ses disciples, il croyait ce préservatif nécessaire ; et il ne faut pas s’imaginer qu’il soit très-aisé de débarrasser la médecine de ces prétendues théories : la charlatanerie les a fort multipliées. On sait qu’un vif intérêt enfante la crédulité, et qu’ainsi le nombre des charlatans dans chaque science croît en raison de importance plus grande que les hommes attachent à son objet.

Nous avons dit que M. Bucquet avait embrassé dans ses études toutes les sciences qui tiennent à la médecine, et par conséquent toutes les sciences physiques ; on lui en a fait un reproche, mais nous osons croire qu’il n’était pas fondé. À la vérité, les détails de chaque science sont immenses, et ce serait un projet chimérique de vouloir les approfondir toutes : aussi M. Bucquet n’avait eu garde de former ce projet ; mais il voulait savoir du moins les prin-