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ÉLOGE DE MARIOTTE.


il avait l’esprit assez philosophique pour ne tenter que les expériences qui pouvaient servir à faire mieux connaître la nature ; en sorte qu’il sut déduire de ses expériences, avec une égale sagacité, ou des théories nouvelles, ou des preuves incontestables de théories déjà connues.

Les lois du choc des corps avaient été trouvées par une métaphysique et par une application de l’analyse, nouvelles l’une et l’autre, et si subtiles, que les démonstrations de ces lois ne pouvaient satisfaire que les grands mathématiciens.

Mariotte chercha à les rendre, pour ainsi dire, populaires, en les appuyant sur des expériences. Pour les faire avec précision, il fallait donner à des corps une direction et une vitesse déterminées. Mariotte employa le mouvement circulaire des corps graves, suspendus à un point. La théorie de ce mouvement, trouvée par Galilée, était encore peu connue ; et il fallait, pour l’appliquer avec succès à des expériences, savoir vaincre ces petites difficultés de détail, que les inventeurs négligent presque toujours d’éclaircir. Les résultats des expériences de Mariotte furent exactement conformes aux lois que les géomètres avaient découvertes. Ainsi il donnait de ces lois une preuve que tout le monde pouvait entendre, et il montrait en même temps aux mathématiciens que la nature offre une foule de corps qu’ils peuvent, sans erreur sensible, regarder comme exactement durs, ou comme parfaitement élastiques.

Mariotte s’est fort occupé de la théorie des eaux, et il a cherché, comme dans tous ses autres ouvrages,