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ÉLOGE DE M. BUCQUET.


en grand, et n’est point bornée par le temps : dans les autres règnes, au contraire, les moyens par lesquels elle forme ou décompose les mixtes ne sont pas en notre pouvoir : nous ne pouvons qu’observer ses opérations et non les contrefaire. Ainsi, la chimie des corps vivants doit être plus compliquée que celle des minéraux ; et la chimie du règne animal paraît en même temps devoir offrir de plus grandes difficultés que celle des végétaux, puisque les substances qui servent de base aux produits des fonctions animales sont ces mêmes matières végétales dont la nature et la formation nous offrent déjà des mystères si difficiles à pénétrer.

A la forme intéressante que M. Bucquet avait su donner à ses cours, se joignait le talent rare du démonstrateur. 11 parlait avec clarté et avec précision, avec facilité et avec noblesse, avec méthode et avec feu : toute l’ardeur qu’il avait mise à chercher la vérité, tout le plaisir qu’il avait senti en l’apercevant, se montraient dans la manière dont il la présentait à ses élèves ; il exposait des détails arides, des théories abstraites, avec une chaleur qui se communiquait à ses auditeurs, parce qu’elle était vraie. Ce n’était point cet enthousiasme de commande que s’efforcent de montrer, pour tous les objets, les hommes qui n’en ont véritablement pour aucun ; ce luxe d’imagination qui, mettant à la place de la vérité des tableaux brillants et fantastiques, cherche à subjuguer la multitude, lorsqu’il faudrait l’éclairer ; ce n’était point cette fécondité, cette abondance que produit le désordre des idées, et qui, si elle n’est