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ÉLOGE DE M. BUCQUET.


chimistes peuvent ignorer en quoi consiste la différence essentielle des corps du règne minéral, mais la chimie est le seul moyen de la découvrir un jour.

La description des corps qui sont répandus sur la surface de la terre, ou cachés dans ses entrailles, la manière dont ils y sont disposés, ou même dont ils y ont été formés, la liaison de l’histoire particulière de ces corps avec l’histoire générale du globe ; ces connaissances si vastes, si curieuses, doivent, en quelque sorte, paraître incomplètes, tant que la nature de ces mêmes corps ne sera point connue. Ainsi, l’on peut dire que la chimie est le complément de l’histoire naturelle, et le flambeau qui doit guider le naturaliste dans ses travaux, comme la science de l’homme est le complément et le flambeau de l’histoire morale.

Telles furent les idées qui déterminèrent M. Bucquet à ne point séparer, dans ses leçons, l’histoire naturelle de la chimie. Son cours obtint le succès le plus brillant : ceux qui n’auraient vu dans les descriptions d’histoire naturelle qu’une simple nomenclature, apprenaient, en suivant les leçons de M. Bucquet, que ces diverses dénominations données aux différents corps, étaient liées, ainsi que leurs rapports de figure extérieure, à des différences plus essentielles : ceux qui n’auraient vu dans la chimie qu’une suite d’expériences curieuses, de théories abstraites, d’opérations faites sur des corps pour ainsi dire étrangers à la nature, et créés dans les laboratoires, apprenaient à la regarder comme la