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ÉLOGE DE M. LIEUTAUD.


des muscles du diaphragme et de l’abdomen pouvait lui fournir de preuves, pour établir que c’était la contraction même de l’estomac qui devait être regardée comme la cause du vomissement.

Les autres mémoires renferment des descriptions anatomiques ; un seul a la vessie pour objet, les trois autres traitent du cœur, et du péricarde qui l’enveloppe : on remarque surtout dans ces mémoires l’attention singulière qu’il avait de ne parler que d’après ses observations, un grand éloignement pour toute hypothèse, et une grande circonspection dans les conséquences même les plus naturelles, où ses observations paraissent conduire. M. Lieutaud y a rendu un compte à la fois très-détaillé et très-fidèle, des travaux de ceux qui avaient traité les mêmes objets avant lui ; cependant on y voit, comme dans ses autres ouvrages, qu’il aimait mieux étudier la nature que les livres : cette manière de travailler semble avoir un double mérite dans une science où, pour observer la nature, on a tant d’obstacles, de dégoûts et de dangers à braver.

Nous ne dissimulerons point qu’on accusait M. Lieutaud d’exagérer un peu cette méthode si bonne en elle-même ; on prétendait que, voyant sa bibliothèque surchargée de livres d’anatomie et de médecine, qu’il avait achetés par complaisance ou par respect humain, il les avait échangés contre des livres de littérature, que vraisemblablement il ne croyait pas moins inutiles, mais qu’il trouvait plus amusants. M. Sénac, qui avait souvent soutenu contre lui la grande utilité de la lecture des auteurs.