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ÉLOGE DE M. LIEUTAUD.

Peu d’années après l’arrivée de M. Lieutaud à Versailles, l’Académie confirma sa première adoption, en l’admettant au nombre de ses membres en qualité d’adjoint-anatomiste ; elle ne regarda point la place qu’il avait à la cour comme incompatible avec ce titre, qui cependant exige la résidence ; et M. Lieutaud montra qu’elle avait bien jugé, par l’exactitude avec laquelle il remplit le premier devoir d’un académicien, celui de donner à l’Académie de bons mémoires.

Un de ces mémoires sert à confirmer une observation que M. Lieutaud avait envoyée à l’Académie quinze ans auparavant : il avait remarqué dès lors que le volume de la rate augmente quand celui de l’estomac diminue, et réciproquement ; il regardait cette correspondance entre les deux viscères, correspondance dont il avait développé en même temps la cause physique, comme un équilibre nécessaire à l’économie animale : c’était, selon lui, une des principales utilités delà rate, viscère trop général parmi les quadrupèdes, pour qu’il soit permis de le regarder comme inutile à leur conservation. M. Lieutaud exposait dans son mémoire, qu’il avait trouvé la rate réduite à un volume excessivement petit, dans un sujet dont l’estomac, devenu incapable de contraction, s’était distendu d’une manière prodigieuse ; observation bien propre à confirmer ses premières idées ; et comme, malgré les émétiques les plus puissants, le malade avait gardé constamment tout ce qu’il avait pu avaler, M. Lieutaud se servait de cette même observation, accompagnée de tout ce que l’anatomie