l’ouvrage du hasard, principalement lorsque l’ignorance
et la médiocrité de celui qui est l’objet de cet
enthousiasme le replacent, sur tout le reste, au niveau
ou au-dessous de ses admirateurs.
Il est difficile qu’un traité complet de quelque science que ce soit n’ait pas quelques endroits faibles, parce qu’il est au-dessus des forces d’un homme d’approfondir également toutes les parties, même d’une seule science. Cette difficulté était d’autant plus grande pour M. Lieutaud, qu’il n’aimait point à se servir des lumières d’autrui, et qu’il ne voulait parler que de ce qu’il avait vu ; lui-même avait senti ce qui pouvait manquer à son ouvrage, il le corrigeait à chaque édition, plus frappé de la crainte de laisser ses lecteurs exposés à partager les erreurs qu’il avait pu commettre, que de celle de rendre la première édition inutile. Enfin, dans ses dernières années, se défiant lui-même de ses forces, il abandonna le soin de son ouvrage à un de ses amis, son confrère dans cette Académie ; et c’est non-seulement avec les additions de l’auteur, mais avec les remarques du savant éditeur [1], qu’il a paru dans la dernière édition. L’ouvrage de M. Lieutaud a un autre mérite, bien précieux aux yeux des anatomistes, celui de renfermer des détails sur la manière de disséquer chaque partie : autrement, un livre d’anatomie dit bien ce que doivent être les objets, mais il n’apprend point à les voir, à juger par ses yeux de l’exactitude des descriptions, à voir mieux
- ↑ M. Portal.