de s’occuper de la médecine pratique, et lui eut fait
entrevoir plus de facilité pour approfondir l’étude
de l’anatomie, la botanique fut sacrifiée et presque
abandonnée. M. Lieutaud fut cependant privé, pendant
quelque temps, de la liberté de disséquer. Un
des ecclésiastiques-administrateurs de l’hôpital s’y
opposait avec force : heureusement cet ecclésiastique
avait quelque goût pour la géométrie, et M. Lieutaud
se trouvait en état de lui en donner des leçons.
Il s’offrit à lui servir de maître, et bientôt de l’étude
de la géométrie, il conduisit son disciple à celle de
la physique : peu à peu il le mena jusqu’à l’anatomie,
et finit par le compter au nombre des auditeurs
les plus assidus à son amphithéâtre.
Son auditoire ne se bornait point aux étudiants en médecine ou en chirurgie : toutes les classes des citoyens lui fournissaient des disciples, concours bien honorable pour lui dans un temps où le goût des sciences physiques n’était pas répandu comme de nos jours. On ne s’était pas encore aperçu que l’ignorance de nous-mêmes, et des objets dont nous sommes entourés, est un mal réel ; que la dépendance absolue des lumières d’autrui est un véritable esclavage ; que le travail qui conduit à connaître la vérité peut être compté parmi les plaisirs, à plus juste titre que bien des frivolités auxquelles on en donne le nom ; et qu’enfin, les connaissances sont utiles, même à ceux qui n’ont le projet de s’en servir, ni pour leur fortune, ni pour leur gloire. Parmi les disciples de M. Lieutaud, on comptait le marquis d’Argens, alors occupé d’étudier la philosophie, ou