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ÉLOGE DE M. LIEUTAUD.


qui ont servi avec distinction ; des ecclésiastiques revêtus des premières dignités du second ordre ; deux procureurs généraux des états de Provence ; et, dans toutes les professions, des citoyens utiles, qui ont honoré le nom que M. Lieutaud a illustré depuis. Garidel, son oncle maternel, professeur de médecine à Aix, vers le commencement de ce siècle, a mérité, par son histoire des plantes de la Provence, d’être placé au rang des botanistes célèbres.

M. Lieutaud, né avec une constitution très-faible se fortifia vers l’âge de douze ans, et il ne lui resta des infirmités de ses premières années qu’un vice de conformation qui n’influa dans le reste de sa vie ni sur sa santé, ni sur son bonheur. Ses parents le destinèrent à l’état ecclésiastique ; les dispositions qu’il annonçait pour l’étude leur faisaient espérer qu’il obtiendrait un jour dans cet état la fortune et les honneurs auxquels la naissance et l’intrigue permettent au mérite, réduit à lui-même, de prétendre quelquefois. Mais M. Lieutaud, témoin de la réputation de son oncle, et de la considération qu’il avait obtenue, avait une inclination secrète pour la profession de médecin. Avec un caractère ouvert, un cœur droit, un esprit porté à la réflexion, il avait senti, malgré sa grande jeunesse, qu’il ne pourrait se répondre d’être durant sa vie entière tout ce qu’un ecclésiastique doit être ; que s’il est permis à un homme honnête de ne pas mettre le public dans la confidence de ses opinions ou de ses goûts, il ne l’est jamais de se donner porn- ce qu’on n’est pas,