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ÉLOGE DE M. LE COMTE D'ARCI.


sa constitution lui permettait d’oublier la fatigue pour n’en sentir que les plaisirs ; et l’emploi de ses talents pour les sciences a du souffrir quelquefois des autres avantages que la nature lui avait donnés.

En 1770, M. d’Arci devint maréchal de camp et pensionnaire de l’Académie ; il parut alors s’attacher plus particulièrement à cette compagnie ; il la regardait comme sa patrie, et comme une république où il voulait être un citoyen considéré, mais seulement un citoyen. Les droits, et surtout la liberté de l’Académie, paraissaient son premier intérêt ; l’apparence de la plus légère atteinte portée à ces objets sacrés pour lui suffisait pour exciter son indignation ; il croyait que la liberté valait mieux encore que la paix : opinion républicaine qu’il est dangereux d’exagérer, et dont il serait peut-être facile d’abuser, en l’appliquant au régime d’une compagnie savante, où ce ne sont pas, comme dans les associations politiques, les avantages des citoyens, mais les progrès des sciences qui doivent être le premier but de la société.

L’héritage d’un oncle que M. d’Arci avait en France, et qui lui avait servi de père, des récompenses militaires et des intérêts dans les mines, où il avait fourni à la fois des fonds et des vues utiles, avaient augmenté sa fortune ; il crut devoir la partager avec une nièce élevée à Paris sous ses yeux, et dont il avait longtemps observé avec intérêt l’esprit, le caractère et les vertus naissantes ; il l’épousa en 1777, et prit alors le nom de comte d’Arci : il était dans l’âge où la société générale offre à peine des distrac-