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ÉLOGE DE M. LE COMTE D’ARCI.

Tel est en particulier l’objet d’un mémoire sur les machines hydrauliques, imprimé en 1754, mémoire dans lequel M. d’Arci montre combien il est facile de s’égarer en cherchant par l’expérience les lois des effets susceptibles d’un maximum ou d’un minimum, et indique en même temps comment on peut former un système d’expériences qui, même dans ce cas, conduise à la découverte de ces lois.

On remarque également dans tous ses ouvrages des vues ingénieuses et philosophiques ; l’auteur présente toujours ses recherches comme des essais qu’il se propose d’étendre et de perfectionner : mais le temps d’y mettre la dernière main lui manquait. Il avait l’ambition de son état, la seule ambition excusable, la seule qui puisse être utile. Son ardeur pour les sciences ne s’était point affaiblie par les distractions auxquelles deux guerres l’avaient forcé ; plusieurs même de ses travaux sont datés de l’époque de ces guerres ; mais ces longues distractions lui avaient fait perdre l’habitude du travail, et l’habitude plus nécessaire encore de suivre longtemps un même objet et une même idée. Comme il voyait les objets en grand, comme il voulait porter dans ses expériences une précision rigoureuse, le défaut de temps, les bornes de sa fortune ne lui ont trop souvent permis d’exécuter qu’une faible partie de ce qu’il avait conçu.

D’ailleurs M. d’Arci vivait dans le monde, et avec une belle figure, une taille avantageuse, un caractère ardent, une âme active, il était difficile qu’il ne se laissât point entraîner à une dissipation dont