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ÉLOGE DE M. LE COMTE D'ARCI.


prisme, en tournant rapidement, produisent un blanc obscur, et d’autant moins obscur, que le mouvement est plus rapide.

Comme cette durée de la sensation augmente avec l’éclat de l’objet, il aurait été intéressant de connaître suivant quelles lois l’augmentation de la durée suit celle de l’intensité de la lumière. On aurait pu chercher réciproquement de combien l’intensité de la lumière d’un objet que le mouvement rend continuellement visible se trouve dégradée ; mais de telles expériences offraient une difficulté presque insurmontable, et M. d’Arci en avait éprouvé déjà beaucoup pour ses premières expériences. L’état de sa vue l’avait obligé de se fier à d’autres yeux que les siens, et ces nouvelles recherches exigeaient une attention et une immobilité difficile à obtenir d’un observateur qui n’aurait été soutenu dans ce travail si pénible, ni par l’espérance de la gloire, ni par le plaisir de suivre ses propres idées.

L’esprit qui a conduit M. d’Arci dans ce travail le guidait également dans tous ses ouvrages de physique : on le voit toujours occupé de comparer à la théorie mathématique les résultats des observations. Il cherchait, dans l’expérience, les éléments sur lesquels le calcul doit s’exercer, et les fondements d’après lesquels la géométrie peut conduire à la découverte des lois de la nature. En même temps il se servait des mathématiques pour ne demander aux expériences que ce qu’on peut en attendre, et pour les forcer à ne rien refuser de tout ce qu’elles peuvent donner.