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ÉLOGE DE M. LE COMTE D'ARCI.


bientôt le rendre aux sciences et à l’Académie. En 1765, il donna un mémoire sur la durée des sensations de la vue, celui de ses ouvrages peut-être où l'on voit briller le plus et son talent pour imaginer des appareils qui conduisent à des expériences exactes et concluantes, et la sagacité avec laquelle il savait combiner et varier ses expériences, pour en tirer des résultats certains et précis.

Un enfant, en agitant circulairement un charbon allumé, produit l’apparence d’une roue de feu ; une roue dentée qui tourne ne présente qu’un cercle continu ; une corde sonore qui vibre avec rapidité paraît un losange : ces effets sont connus de tous les temps.

Ils prouvent que nos sensations ont une durée plus grande que celle de l’action de leur cause ; l’ébranlement produit dans l’organe se prolonge après que le corps extérieur a cessé d’agir. Ce fait a lieu vraisemblablement pour tous nos sens, et c’est de cette circonstance que, peut-être, on pourra déduire un jour les lois de la composition musicale, si ces lois ont leur base dans la nature ; mais c’est surtout pour le sens de la vue que ce phénomène est sensible, parce que c’est le sens pour lequel nous pouvons le plus aisément nous assurer que l’action extérieure a cessé, et séparer la durée de la cause de celle de l’effet.

Personne n’avait encore songé à soumettre ces observations au calcul, à déterminer la vitesse nécessaire pour produire ces apparences, et à mesurer par conséquent la durée de chaque impression ins-