Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/402

Cette page n’a pas encore été corrigée
382
ÉLOGE DE M. LE COMTE D’ARCI.


core des résultats de ses expériences et de ses calculs, et cette sévérité pour lui-même, qui nous a privés du fruit de son travail, est une raison de plus pour en regretter la perte.

Attaché comme colonel à la suite du régiment de Fitz-James, en 1752, M. d’Arci fit avec ce corps la campagne de 1757, et se trouva à la bataille de Rosbach. Ce régiment, trop affaibli par la perte qu’il essuya dans cette journée, fut obligé de revenir en France. M. d’Arci fut alors employé sous M. le comte d’Hérouville, à qui l’on avait confié les préparatifs d’une descente projetée sur les côtes de la Grande-Bretagne. L’examen que M. d’Arci avait fait, pendant la paix, des côtes d’Irlande, une connaissance exacte du caractère des habitants et de leurs dispositions ; le poids qu’il pouvait avoir auprès des restes du parti jacobite et des catholiques, que les précautions injurieuses prises contre eux avaient ulcérés, sans les avoir rendus moins à craindre ; son intrépidité, son audace, son éloquence naturelle, pleine de véhémence et d’action ; ses connaissances dans toutes les parties de l’art militaire ; enfin des ressources contre les accidents imprévus, ressources qu’on ne peut attendre que de ceux qui joignent à la pratique une théorie profonde : tous ces avantages semblaient rendre M. d’Arci non-seulement utile, mais même nécessaire, pour ainsi dire, au succès d’une expédition sur les côtes d’Irlande. Mais ce projet ne fut pas exécuté ; le grade de brigadier fut la récompense des travaux de M. d’Arci, et une faible consolation de l’inutilité de son zèle. La paix vint