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ÉLOGE DE M. LE COMTE D’ARCI.


les phénomènes électriques, il était intéressant de mesurer cette force ; il fallait donc chercher un électromètre. Les corps électrisés attirent ceux qui sont capables de recevoir d’eux l’électricité ; deux corps doués d’une électricité contraire s’attirent plus fortement encore ; mais la force révulsive qu’exercent entre eux des corps qui ont le même genre d’électricité, et qui la reçoivent d’un même conducteur, paraît celle dont il est le plus facile de comparer les degrés d’intensité : elle fut employée dans la construction de l’électromètre que proposèrent MM. d’Arci et le Roi ; car M. le chevalier d’Arci fit ces expériences de concert avec M. le Roi, membre de cette Académie, élève comme lui de M. Clairaut. Un goût commun pour la physique avait resserré cette liaison de leur jeunesse, qui a duré jusqu’à la mort de M. d’Arci. Après une amitié de vingt ans, tous deux se crurent des droits à une même place, et cette concurrence, qui aurait détruit peut-être sans retour une amitié commune, ne put altérer celle de MM. d’Arci et le Roi, même pendant le temps de la discussion : aucun des deux cependant ne parut songer à proposer le sacrifice de ses prétentions, bien sûr que son concurrent n’eût pas voulu lui céder l’avantage de sacrifier ses droits à l’amitié.

M. d’Arci n’avait pu faire la guerre sans réfléchir sur les parties de cet art auxquelles les sciences qu’il cultivait étaient plus immédiatement liées, et il s’occupa pendant la paix de perfectionner la théorie de l’artillerie.

La guerre est un fléau ; mais c’est la guerre elle-