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ÉLOGE DE M. LE COMTE D’ARCI.


que ce zèle a survécu à toute espérance raisonnable du rétablissement des Stuarts. On ne peut trouver la cause d’une fidélité si constante que dans l’excès même des malheurs de cette maison, dans la proscription terrible prononcée contre elle par la famille qui l’a remplacée sur le trône, tant la persécution a de force pour attacher les âmes généreuses à ceux qui en sont les victimes !

Ce ne fut qu’en 1749, après la paix, que M. le chevalier d’Arci put entrer à l’Académie. La guerre ne lui avait pas fait abandonner les sciences ; mais il avait choisi dans la géométrie le genre de travail qui était le plus compatible avec la vie active et agitée qu’il était obligé de mener. Dans son premier mémoire, il avait employé l’analyse : depuis, il préféra la synthèse, méthode qui exige plus de méditations que de calculs, et plus d’efforts que de travail. M. d’Arci lut deux mémoires à l’Académie, même dans le courant de la guerre : l’un, en 1746, avant d’être pris par les Anglais ; l’antre, en 1747, après son échange. Le premier renfermait un principe général de mécanique, celui de la conservation du mouvement giratoire. Ce même principe avait été donné, en 1745, par MM. Daniel Bernoulli et Euler ; mais il n’est pas vraisemblable que leurs ouvrages aient été chercher M. d’Arci dans les campagnes de Flandre ; d’ailleurs il suffit de voir comment chacun des inventeurs a présenté ce même principe, pour sentir que la méthode de M. d’Arci est vraiment à lui, et qu’il n’y a rien de commun entre sa manière de traiter les questions mécaniques et celle de ces