Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/393

Cette page n’a pas encore été corrigée
373
ÉLOGE DE M. LE COMTE D'ARCI.


changer à ses droits ; non-seulement M. le chevalier d’Arci continua de le regarder comme le fils et l’héritier de son souverain, mais il conserva le même attachement pour la personne du prince Édouard. Il défendait les vertus ou les talents qu’il avait cru voir en lui, avec le même zèle qu’il avait défendu ses droits à la couronne d’Angleterre : il avait été prêt à répandre son sang pour le replacer sur le trône de ses ancêtres ; il eût soutenu, aux mêmes risques, qu’il était digne d’y remonter. Enfin, lorsque la France eut refusé un asile à un descendant de Henri IV, lorsque Rome eut abandonné la cause d’un prince dont l’aïeul avait perdu trois couronnes par son zèle pour la religion catholique ; lorsque la voix publique jugeait avec tant de sévérité un prince malheureux, dont l’âme n’avait pu résister à une si longue suite de revers, M. d’Arci ne fut point ébranlé.

La maison des Stuarts semble n’avoir été montrée au monde que pour donner aux rois une leçon du malheur et des dangers attachés à la puissance souveraine ; elle seule, parmi tant de familles détrônées, a vu, dans l’espace de soixante ans, deux têtes couronnées tomber sous la hache des bourreaux, par des assassinats revêtus des formes de la justice. Mais aucune famille aussi n’a conservé plus longtemps, après sa chute, des partisans si zélés. Il est impossible, cependant, d’attribuer ce zèle ni à l’attachement pour la religion catholique, qui avait été le prétexte ou la cause des malheurs de Jacques II, puisque des protestants de toutes les sectes ont partagé ce sentiment ; ni à des vues ambitieuses, puis