Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/392

Cette page n’a pas encore été corrigée
372
ÉLOGE DE M. LE COMTE D’ARCI.


pesant qui glisse par son poids le long d’un plan mobile, en même temps que la pression de ce corps fait mouvoir horizontalement le plan qui le porte ; à la vérité, ce problème avait été résolu par MM. Jean Bernoulli et Clairaut ; mais dans la solution qu’en donne M. d’Arci, par une méthode qui lui est propre, on aperçoit déjà l’empreinte de son talent, et même de ce caractère original qui se retrouve dans toutes ses produirons.

La guerre vint alors enlever aux sciences M. le chevalier d’Arci (c’est le nom qu’il prit en entrant au service, et que nous lui conserverons dans cet éloge, parce que c’est celui sous lequel il a publié tous ses ouvrages) ; il fit, comme capitaine dans le régiment de Coudé, deux campagnes en Allemagne et une en Flandre : en 1746 il fut destiné à se joindre au secours que le roi envoyait au Prétendant, qui avait débarqué en Écosse. C’était pour sa patrie, pour sa famille, pour les droits de celui qu’il regardait comme son prince, que M. d’Arci allait combattre ; son espérance fut trompée, une flotte anglaise enleva le convoi ; on avait espéré qu’il échapperait à la faveur de l’obscurité, mais il fut découvert par l’amiral Knowles, à l’aide d’une lunette de nuit, instrument qui commençait alors à être connu en Angleterre. Né en Irlande, M. d’Arci avait été pris en portant les armes contre le gouvernement de sa patrie ; la loi le condamnait, mais l’humanité, la justice et la politique engagèrent à le traiter comme un officier français.

Les infortunes du Prétendant n’avaient pu rien