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ÉLOGE DE M. LE COMTE D'ARCI.


avaient vouée à leur religion et à la famille des Stuarts.

La France est l’asile naturel des Irlandais catholiques qui annoncent de l’activité et des talents, et que les lois de leur patrie condamnent à l’inutilité et à l’inaction. Le jeune d’Arci fut envoyé à Paris en 1739, auprès d’un de ses oncles ; le hasard le plaça dans la maison où logeait M. Clairaut le père ; il devint son élève, et mérita bientôt d’être le disciple ou plutôt le compagnon d’étude de M. Clairaut le fils : c’était à l’époque où la France commençait à reprendre dans les sciences mathématiques le rang qu’elle avait perdu après la mort de Descartes et de Pascal, et qu’elle a su conserver depuis. M. d’Arci fit des progrès rapides : après trois ans d’étude, âgé seulement de dix-sept ans, il donna une nouvelle solution du problème de la courbe d’égale pression dans un milieu résistant. Les ouvrages de la jeunesse de M. Clairaut avaient accoutumé à de plus grands prodiges ; mais c’était beaucoup alors que de savoir à dix-sept ans les principes de la mécanique transcendante et ceux du calcul intégral ; de mettre en équation un problème de dynamique, et de construire une équation différentielle du troisième ordre, à laquelle la méthode de M. d’Arci l’avait conduit : d’ailleurs il joignait à sa solution des remarques qui annonçaient une sagacité dont il donna des preuves plus certaines des l’année suivante, par la solution d’un nouveau problème, solution qui obtint également les suffrages de l’Académie. Il s’agissait de déterminer la courbe que décrit dans l’espace un corps