inconnues : la difficulté de tirer des secours de l’Europe n’était pas un obstacle pour lui ; il était médecin, et un médecin français était regardé dans ces
pays à peu près comme dans l’ancienne Grèce on
regardait cette famille des rois de Carie, longtemps
dépositaire presque unique des secrets de la médecine,
et à laquelle un peuple enthousiaste dans sa
reconnaissance avait supposé une origine céleste.
L’admiration pour M. de Jussieu eut une manière
de s’exprimer bien différente de celle des anciens
Grecs : il reçut une défense absolue de sortir jusqu’à
la fin d’une maladie épidémique dans laquelle on
avait eu besoin de son secours ; on décerna des
peines contre quiconque favoriserait son évasion ;
on promit une récompense à celui qui l’arrêterait
s’il passait la frontière. Ces précautions honorables
et tyranniques étaient bien inutiles : on eût pu s’en
reposer sur son zèle pour l’humanité. Si cette partie
du voyage de M. de Jussieu a été perdue pour la botanique, elle servira au moins à l’histoire de la médecine ; on a trouvé dans ses papiers des détails
intéressants sur la marche de la petite-vérole au
Pérou, sur les maladies épidémiques de ce pays, sur
une maladie singulière qui suivit une éruption du
Cotopaxi, et à laquelle on donna le nom de ce
volcan.
Retenu, et par les fonctions de médecin, et par plusieurs maladies violentes auxquelles il ne put échapper, M. de Jussieu ne commença ses nouveaux voyages qu’en 1747 ; c’est alors qu’il parcourut plusieurs pays sauvages et inhabités. Il fallait traverser