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ÉLOGE DE M. DE LINNÉ.


devaient le flatter à d’autres titres : il fut traité par la reine de Suède, sœur du roi de Prusse, avec cette familiarité noble qui honore les souverains, parce qu’elle fait présumer qu’en se trouvant avec des hommes d’un mérite supérieur, ils sentent qu’ils ont droit de se croire avec leurs égaux.

Le crédit que M. de Linné ne devait qu’aux sciences, il le fit servir tout entier à l’avancement des sciences : l’établissement de l’académie de Stockholm fut en partie son ouvrage ; le jardin d’Upsal, remis dans un meilleur ordre, augmenté de vastes serres, construites selon ses vues, devint digne du démonstrateur qui, de toutes les parties de l’Europe, y attirait des disciples.

L’hommage de quelques plantes qui manquaient à ce jardin si riche était un tribut que tous les amateurs de botanique croyaient devoir à M. de Linné ; et lorsque le roi de Suède vint en France, le feu roi le chargea de remettre à l’illustre professeur d’Upsal des graines rares qu’il avait recueillies dans son jardin de Trianon.

Si nous ajoutons à ce que nous avons dit de M. de Linné, qu’il remplit pendant plusieurs années les fonctions de secrétaire de l’académie d’Upsal ; qu’il donnait exactement des leçons de botanique et de médecine ; enfin, qu’il publia une foule de dissertations sur des objets particuliers d’histoire naturelle, de botanique et de médecine, qui toutes renferment des vues ingénieuses et quelquefois profondes, nous aurons donné une idée de la vie de cet homme célèbre.