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ÉLOGE DE M. DE LINNÉ.


la nomenclature de la botanique trop facile, et d’avoir par là donné lieu à une foule d’ouvrages médiocres. Cette objection nous paraît prouver seulement les progrès que la botanique a faits entre ses mains. Rien ne montre mieux peut-être combien une science est avancée, que la facilité de faire sur cette science des livres médiocres, et la difficulté d'en faire qui contiennent des choses nouvelles,

M. de Linné a publié une longue suite d’observations sur les végétaux et les animaux comparés ensemble. Les végétaux naissent, vivent et meurent comme les animaux ; ils se nourrissent, croissent et dépérissent comme eux ; ils ont, comme eux, un principe interne de mouvement. M. de Linné observa de plus que les plantes ont des instants de mouvement et de repos, de sommeil et de veille ; qu’elles subissent ces alternatives dans des serres où l’on entretient jour et nuit une chaleur égale, et qu’ainsi ces phénomènes ne sont pas l’effet de la chaleur plus ou moins grande, mais de la présence ou de l’absence de la lumière ; qu’enfin les feuilles, dans quelques plantes, et les anthères des étamines, dans un plus grand nombre, donnent des signes d’irritabilité. La sensibilité, et le mouvement spontané qui en est la suite, paraissent seuls distinguer la vie des plantes et celle des animaux.

On observe des rapports encore plus frappants entre l’œuf d’un animal et la semence d’une plante, dans la manière dont les germes sont fécondés, ou dans les lois de leur développement. Enfin, la reproduction par bouture, cette manière de multiplier et