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ÉLOGE DE M. DE LINNÉ.


nent la plante ; la. forme de ses racines, de sa lige, de ses feuilles ; la structure des boutons destines à former de nouvelles branches ; la manière dont les feuilles nouvelles y sont pliées.

Après avoir formé ce plan, M. de Linné n’avait fait encore qu’une très-petite partie du grand ouvrage qu’il méditait : il s’en fallait de beaucoup que toutes les parties des plantes eussent été exactement décrites par les botanistes ; il fallait donc faire une élude plus approfondie de toutes les plantes, en examiner toutes les parties, les suivre dans le cours entier de la durée de la plante, observer les diverses formes qu’elles ont dans les différentes espèces, les changements qu’elles éprouvent dans chacune, afin de pouvoir distinguer ce qui n’est qu’accidenter à l’âge de la plante, au climat ou à la culture, d’avec ce qui est essentiel à l’espèce : il fallait, parmi ces caractères essentiels, choisir les plus frappants, les plus faciles à observer, les plus propres à distinguer chaque espèce de l’espèce voisine ; il fallait enfin, pour ces objets nouveaux, créer une langue nouvelle. Tel était le travail qu’imposait à M. de Linné l’exécution de sa méthode.

On se dispense trop souvent d’estimer ces travaux immenses, en disant qu’ils ne demandent que de la patience et du temps ; mais la vie de ceux qui exécutent ces grandes entreprises est-elle plus longue que celle des autres hommes ? M. de Linné n’avait pas trente ans, et déjà son ouvrage était presque terminé : quel était donc pour lui ce secret de doubler la durée du temps ? N’était-ce pas quelque chose