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ÉLOGE DE M. DE LINNÉ.


à l'autre, cette poussière fécondante ; tel est, selon M. de Linné, le véritable secret de cette opération merveilleuse, décrite par Tournefort, et usitée dans les îles de l’Archipel, où les habitants, pour se procurer des figues plus grosses, portent sur les figuiers femelles certains insectes, qu’ils ont auparavant fait éclore sur les figuiers mâles. On dirait que la nature n’a mis, à l’accomplissement de ses desseins, des obstacles en apparence insurmontables, que pour déployer, avec plus de grandeur, sa puissance et ses ressources dans les moyens employés à les surmonter.

Ce fut dans ces parties, construites par la nature avec tant de soin, et destinées par elle à la perpétuité des espèces, que M. de Linné crut devoir chercher les caractères de la classification des plantes.

Les étamines lui servirent pour former les premières grandes divisions, et il tira des pistils les caractères de ses divisions secondaires : pour déterminer ensuite les genres, il employa les autres parties de la fructification, comme le nombre et la forme des semences, la nature des corps destinés à les recevoir et à les protéger, le nombre, l’arrangement des pétales, la forme des fleurs, la structure du calice, qui tantôt enveloppe le fruit après la chute des pétales, tantôt tombe avec eux. A l’égard des espèces, M. de Linné emploie, pour les distinguer, la manière dont les fleurs sont disposées sur la plante, et naissent de ses branches ; les parties de structure différente qui enveloppent les fleurs naissantes ou qui les défendent ; les vrilles qui soutien-