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ÉLOGE DE M. DE LINNÉ.


courut le Danemarck, l'Allemagne, une partie de la France : il s’arrêta longtemps en Hollande et en Angleterre, étudiant dans des herbiers ou dans des jardins les plantes que la nature a refusées à l’Europe ; consultant les botanistes les plus célèbres, Dillen à Londres, Jussieu à Paris, et se rendant leur disciple pour se montrer bientôt digne d’être leur rival.

Plus il étudiait la botanique, plus il sentait que cette science, devenue immense dans ses détails, avait besoin qu’une main réformatrice vînt y produire une de ces grandes révolutions qui attachent le nom de leurs auteurs à l’histoire de l’esprit humain.

Tournefort avait donné le premier une méthode vraiment systématique de classer les plantes, et M. de Linné aspirait à être dans son siècle ce que Tournefort avait été dans le sien ; sachant bien que dans les sciences ou peut aller plus loin que ses prédécesseurs, sans néanmoins s’élever au-dessus d’eux, et qu’il est un degré de talent où l’on ne peut plus apercevoir, entre deux hommes livrés aux mêmes recherches, d’autre différence que celle de leur siècle. M. de Linné chercha les caractères fondamentaux de son système dans les parties des plantes qui servent à leur reproduction. Les botanistes allemands ont prétendu qu’il devait la première idée de ce système à Burkard ; et dans les mêmes ouvrages ils revendiquaient, en faveur de Camérarius, la méthode de Tournefort ; ils soutenaient que Jungius, et un autre Camérarius, avaient été les guides de Vaillant, à qui M. de Linné accor-