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ÉLOGE DE M. DE LINNÉ.


tructions, tous les encouragements que ses connaissances et son crédit le mettaient en état de donner à ce jeune homme, qui croissait pour changer la face de la botanique.

M. de Linné obtint, à vingt-cinq ans, dans l’université d’Upsal, la chaire que le savant botaniste Rudbeck, accablé d’années et de travaux, était obligé d’abandonner : cette place ne suffisait pas à l’activité du nouveau professeur, et il quitta bientôt Upsal, mais en conservant sa chaire, et par les ordres mêmes de l’Université, qui préféra sagement le bien des sciences et sa propre gloire à l’observation de ses règlements. D’abord il parcourut la Laponie, la Dalécarlie, la plupart des provinces de la Suède ; étendant ses observations à tout ce qui peut intéresser un philosophe, occupé en même temps d’acquérir des lumières et d’en faire des applications utiles ; enrichissant la botanique, ou de vues nouvelles, ou des plantes inconnues ; et apprenant aux Suédois, soit à connaître les productions de leur sol, soit à en profiter ; soumis dans ses voyages à toutes les privations ; exposé, dans des pays inhabités, aux rigueurs d’un climat terrible, tantôt gravissant entre des rochers, tantôt s’enfonçant dans des mines profondes ; obligé de braver des dangers de toute espèce, et de longues fatigues, plus difficiles encore à supporter que les dangers, M. de Linné ne se reposait du travail de la journée que par un autre : celui de recueillir ses observations et de préparer les objets qu’il avait ramassés. Après ces voyages, il en fit de plus lointains et de moins pénibles : il par-