Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/351

Cette page n’a pas encore été corrigée
331
ÉLOGE DE M. MALOUIN.


elle n’allait pas plus loin : il pouvait choquer ceux qui combattaient ses opinions, et surtout son respect pour la médecine ; mais on voyait aisément qu’il eût été fâché de les blesser.

Comme il croyait très-sincèrement à son art, il l’employait pour lui-même ; et surtout pendant les dernières années de sa vie, toutes les heures de sa journée étaient scrupuleusement réglées, d’après un régime qu’il s’était imposé. Ce régime différait beaucoup de la vie commune, et par conséquent le séparait presque entièrement de la société ; mais il était soigneusement calculé sur les changements que, selon M. Malouin, l’âge produit dans l’économie animale.

S’il n’a voulu, par ce régime, que se procurer une vieillesse saine et robuste, terminée par une mort prompte et sans douleurs, il ne s’est point trompé ; il mourut à Versailles d’une attaque l’apoplexie, le 3 janvier 1778.

La mort, en surprenant M. Malouin, n’a point prévenu l’exécution d’un projet qu’il avait formé pour contribuer aux progrès de la médecine. Témoin depuis longtemps des travaux de la faculté, il voyait avec douleur ces travaux ensevelis dans des registres, ne servir qu’à l’instruction de ses membres, et le dépôt immense des faits que la faculté rassemble être perdu pour les sciences et pour l’humanité.

Il a fondé pour cette compagnie une assemblée publique, où chaque année on prononcera l’éloge des membres que la faculté a perdus, et où elle rendra compte des travaux de l’année. Jaloux de dé-