Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/348

Cette page n’a pas encore été corrigée
328
ÉLOGE DE M. MALOUIN.


dant dix années, jusqu’au moment où il renonça à une pratique étendue.

C’est d’après les mémoires qu’il a donnés sur ce sujet, qu’il faut apprécier son talent ; c’est là qu’on reconnaît un observateur exact, timide quand il faut juger, mais hardi dans ses vues, habile à saisir des rapports, sachant les présenter d’une manière frappante, rassemblant tout ce que les médecins ont écrit, mais discutant leurs opinions, et ne les adoptant que lorsqu’elles sont d’accord avec la nature.

À la mort de M. Dumoulin, il devint un des médecins les plus employés de Paris. Cette vogue dura vingt-deux mois, au bout desquels il se trouva assez riche pour ne songer qu’au repos. Il acheta une charge de médecin du grand commun à Versailles. Je veux me retirer a la cour, disait-il ; expression singulière, et qui peut-être ne peut convenir qu’à un médecin de Paris très-employé. Cette prompte retraite d’un homme qui aimait à faire le bien, prouve qu’il était réellement plus persuadé de la certitude de la médecine, que de ses propres talents.

Ce fut alors qu’il cessa de donner ses mémoires sur les maladies qui règnent à Paris ; ouvrage utile, dont jusqu’ici personne ne s’était chargé à sa place. Heureusement ce travail étendu même à la France entière, et suivi sur un plan plus vaste et plus régulier, va devenir une des principales occupations d’une société nouvelle dont l’établissement dut faire espérer à M. Malouin la prompte conversion des détracteurs de la médecine ; car il était trop persuadé, pour craindre que des expériences plus répétées,