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ÉLOGE DE M. MALOUIN.


qu’au milieu de ces révolutions, qui ont changé vingt fois la physique systématique et rangé successivement les philosophes sous vingt chapeaux différents, la doctrine d’Hippocrate subsistait encore entière sur les ruines de tant de systèmes ; que si on en excepte les ouvrages des géomètres, des astronomes grecs, et le livre des animaux d’Aristote, Hippocrate est presque le seul des anciens où l’on puisse trouver des vérités ; qu’enfin, comme les mathématiques et l’histoire naturelle ont fait plus de progrès réels que la médecine, les livres d’Hippocrate sont les seuls livres de l’antiquité où les modernes puissent apprendre quelque chose, et que même, tandis que les autres ouvrages ne sont plus pour nous que des monuments de l’histoire de l’esprit humain, ceux d’Hippocrate sont encore une source inépuisable d’instruction. D’après cette considération, qui était le plus fort argument que M. Malouin employât pour prouver la certitude de la médecine, il crut que, pour en accélérer les progrès et la rendre plus certaine, il fallait suivre la méthode d’Hippocrate, multiplier les observations, rapprocher des symptômes des maladies toutes les circonstances qui peuvent influer sur la santé des hommes, l’air, ses variations, sa température, l’humidité, la position des lieux, la nourriture, la manière de vivre de chaque pays et de chaque état de la société. M. Malouin, fixé à Paris, exécuta pour cette capitale et ses environs, ce plan qu’il serait à désirer -que l’on embrassât pour tous les lieux qui peuvent fournir des observateurs, et il continua son travail pen-