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ÉLOGE DE M. MALOUIN.


les regardait comme moins naturels que les remèdes tirés du règne végétal. On ne songeait pas que c’est la même nature qui produit les mixtes des laboratoires et ceux des jardins.

M. Malouin nous a donné plusieurs mémoires de chimie. On y remarque une vaste érudition, beaucoup de scrupule et d’exactitude dans les expériences ; mais nous ne pouvons dissimuler qu’on en tirerait peu de vérités nouvelles.

La chimie doit à Stahl l'heureuse révolution qui en a fait une branche, ou plutôt une des bases de la physique ; et cet illustre chimiste était encore peu connu en France, lorsque M. Malouin s’était appliqué à l’étude des sciences. Les ouvrages de Stahl, malheureusement trop obscurs, avaient besoin qu’un homme né avec le génie de la chimie nous apprît à les entendre ; c’est une des obligations que nous avons eues à M. Rouelle. Mais lorsque M. Rouelle commença ses cours, M. Malouin se livrait à d’autres études. Nous sommes donc contraints d’avouer qu’il n’a point contribué aux progrès rapides que la chimie a faits en France dans ces derniers temps ; et nous l’avouerons avec d’autant moins de peine, que la nature lui avait accordé, dans un autre genre, des talents distingués.

Aussi renonça-t-il bientôt à la chimie, pour se donner tout entier à la médecine. Obligé quelquefois, malgré son enthousiasme, de reconnaître l’incertitude de son art, il regardait cette incertitude comme une suite des mauvaises méthodes, et non comme un défaut attaché à la science. Il avait vu