Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée
321
ÉLOGE DE M. MALOUIN.


retour dans sa patrie, en 1730, son père, à qui on avait rendu les meilleurs témoignages de sa bonne conduite, et qui croyait le revoir licencié en droit, apprit avec surprise qu’il était docteur en médecine. Il fallut céder à une inclination si décidée.

L’oncle et le grand-père de M. Malouin avaient exercé à Caen la même profession ; sa famille, qui s’est éteinte avec lui, y était une des plus anciennes et des plus considérables de la bourgeoisie. Elle avait produit depuis plusieurs siècles des hommes distingués dans la médecine et dans la théologie.

M. Malouin resta trois ans dans sa patrie ; il revint ensuite à Paris : son nom y était déjà connu parmi les médecins. M. Geoffroi, professeur au collège royal, obligé d’interrompre une leçon de chimie, avait chargé de l’achever M. Malouin, son disciple, alors simple bachelier en médecine. Quoique le jeune chimiste ne se fût pas préparé à cette épreuve, il s’acquitta d’une commission si honorable et si hasardeuse, de manière à mériter que M. Geoffroi le choisît désormais pour le remplacer en son absence, et le désignât en quelque sorte pour son successeur. Mais M. Malouin était absent lorsque M. Geoffroi mourut ; et ce ne fut qu’en 1767 qu’il remplaça M. Astruc, successeur de M. Geoffroi.

À son retour à Paris, en 1734, il se livra à la pratique de la médecine, et fut le médecin d’un grand nombre d’hommes célèbres dans la littérature et dans les sciences : il devait leur confiance et la réputation que cette confiance lui donna bientôt, à M. de Fontenelle, dont il était le parent, et dont il