qu’il épousa deux ans après, mourut au bout de
quelques mois de mariage ; et il la célébra dans de
nouveaux vers : alors on cessa presque de le plaindre.
On trouva qu’il se consolait trop facilement et trop
vile : tant nous sommes difficiles et sévères pour la
sensibilité d’autrui, ne fût-ce que pour donner une
bonne idée de la notre. Cependant, M. de Haller ne
s’est trouvé peut-être inférieur en délicatesse à
ceux qui le condamnaient le plus amèrement, que
pour avoir cherché des consolations publiques et
légitimes. Un troisième mariage qu’il contracta fut
moins malheureux : mais on le condamna encore ;
il semblait qu’on lui eût pardonné plus aisément
trois maîtresses que trois femmes. Nous ne sommes
pas surpris qu’on ait jugé M. de Haller avec plus de
sévérité qu’un homme ordinaire ; mais pourquoi lui
envier ces douces et innocentes dissipations de la
vie domestique, lorsque son austérité et son ardeur
pour l’étude lui avaient interdit toutes les autres ?
Pourquoi ne pas songer à tout ce que les sciences
auraient perdu, si M. de Haller ne se fût point consolé ?
Après dix-sept ans d’absence, il revint enfin dans sa patrie eu 1753 ; son éloignement avait produit l’effet qu’il en devait attendre. Ce même homme qu’on avait paru craindre dans son pays, ne l’eut pas plutôt quitté, qu’il en fut regardé comme l’honneur et la gloire. Dans un voyage qu’il fit à Berne, en 1745, il fut élu membre du conseil souverain. Ce titre le rendait capable de remplir plusieurs des places de l’administration ; il lui pu échut une