Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/327

Cette page n’a pas encore été corrigée
307
ÉLOGE DE M. DE HALLER.


couvertes, mais les découvertes elles-mêmes et leurs résultats ; enfin, une école de dessinateurs que l’on instruit à rendre avec exactitude et avec vérité tous les objets de l’histoire naturelle ; institution qui est encore unique, tandis que les écoles de peinture se sont tant multipliées. Cependant, on est sûr par ce moyen de se procurer des dessinateurs utiles aux progrès des sciences ; au lieu qu’il peut être douteux que les écoles de peinture soient aussi utiles pour former de grands peintres. L’objet que se proposait M. de Haller est peu brillant, mais il était du moins assuré de le remplir : c’est un avantage que les établissements destinés à répandre les sciences nous paraissent avoir en général sur ceux qui tendent à faire fleurir les arts de l’imagination. Dans les sciences d’observation et de calcul, on contribue nécessairement à leurs progrès en multipliant le nombre de ceux qui les cultivent, parce que les progrès successifs de ces sciences peuvent être le résultat des travaux combinés d’un grand nombre d’hommes. Les arts d’imagination, au contraire, où chaque ouvrage est nécessairement le fruit du travail d’un seul homme, ne doivent être cultivés que par les esprits capables de produire de grandes choses. Dans les sciences dont la pratique est utile, souvent même nécessaire, on ne peut trop étendre les lumières parce qu’il importe que tous les praticiens soient éclairés : dans les arts d’imagination, tout ce qui n’est pas neuf ou brillant est inutile, et la multiplication des ouvrages médiocres corrompt le goût au lieu de le former. Dans les sciences, un enseigne-