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ÉLOGE DE M. DE HALLER.


d’un temps très-court. Ainsi, il ne faut pas la confondre avec l’élasticité, propriété purement mécanique ; comme on ne doit pas confondre avec les mouvements que produit l’irritabilité, ces changements purement chimiques que l’application des caustiques fait éprouver à toutes les parties molles (les corps organisés.

L’ouvrage où M. de Haller publia ces découvertes fut l’époque d’une révolution dans l’anatomie. On apprit qu’il existait dans les corps vivants une force particulière, qu’on pouvait regarder comme le principe immédiat de leurs mouvements, comme la puissance qui, répandue dans les organes, fait exercer à chacun la fonction qui lui est propre ; la physiologie, trop longtemps appuyée sur des idées métaphysiques et incertaines, put enfin avoir pour base un fait général et prouvé par l’expérience.

Les anatomistes s’empressèrent de s’occuper de l’irritabilité, pour confirmer les vues de M. de Haller, ou pour les combattre.

On commença, suivant l’usage, par soutenir que ces prétendues découvertes étaient fausses ; et on finit par dire qu’elles étaient connues longtemps auparavant. M. de Haller répondit à ces objections, avec la noble simplicité d’un homme qui sent le mérite de ses travaux, et qui ne veut que la gloire qu’d a méritée. Il opposa à ceux qui contestaient ses découvertes, des expériences qui les confirmaient ; il répondit aux autres par une histoire détaillée de tout ce que les anatomistes avaient écrit sur l’irritabilité, Il fit voir que plusieurs l'avaient ob-