mêlés de garance : aussi ces deux opinions, toutes
deux fondées sur des expériences, toutes deux avancées
par des physiciens bien connus par leur aversion
pour les idées systématiques, ont partagé et partagent
encore les physiologistes.
M. de Haller entendait, par irritabilité, cette propriété qu’ont certaines parties des corps vivants, de se contracter lorsqu’on les blesse, ou même lorsqu’on les touche, indépendamment de la volonté de l’animal soumis à l’expérience, et sans qu’il éprouve de douleur ; propriété que les plantes semblent partager, et qui, distincte de la sensibilité, n’appartient point aux mêmes organes. Il prouva que l’irritabilité réside exclusivement dans la fibre musculaire ; et la sensibilité dans les nerfs ; il démontra comment dans les différentes parties du corps, presque toutes mêlées de muscles ou de nerfs, la sensibilité qu’elles font paraître n’appartient qu’à leurs nerfs, et leur irritabilité à leurs muscles ; que les parties destituées de muscles ne sont pas irritables ; que les parties destituées de nerfs ne sont pas sensibles ; qu’en coupant les nerfs qui joignent une partie au cerveau, cette partie perd sa sensibilité sans cesser d’être irritable : que le nerf, séparé du cerveau, devient incapable de se contracter ; qu’enfin, il ne conserve une apparence de mouvement, que parce qu’il peut servir comme un corps étranger à exciter l’irritabilité dans le muscle qui lui est attaché. Au contraire, le muscle, séparé du corps vivant, conserve encore des signes d’irritabilité ; mais la force de cette irritabilité est affaiblie : elle cesse au bout