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ÉLOGE DE M. DE HALLER.


inspiré une pente secrète pour cette opinion du développement des germes.

Il croyait que la production d’un animal, par des forces purement mécaniques, pouvait détruire une des preuves du dogme de la Providence. Mais ne suffit-il pas à ceux qui cherchent dans la nature des preuves de ce dogme, que les phénomènes soient réglés par des lois certaines, quelles que soient ces lois ? La cristallisation d’un sel toujours assujetti à prendre une même forme, n’est-elle pas un phénomène aussi admirable que la génération constante des animaux ? Enfin, les lois qui agissent sur la matière étant également constantes, et les phénomènes qui en résultent offrant toujours la même régularité, quelque système qu’on emploie pour les expliquer, n’est-ce pas dans la sagesse ou dans la bonté qu’annonce l’ensemble de ces phénomènes, et non dans la nature des forces qui les produisent, qu’il faut chercher des preuves de l’existence d’un Être suprême ?

Il doit paraître d’autant plus singulier que M. de Haller ait pu croire la religion ou la morale intéressée dans les opinions des philosophes sur la formation des êtres organisés, qu’il avait combattu, dans ses dissertations sur les monstres, les mêmes raisonnements métaphysiques qu’il a employés depuis en faveur du développement des germes ; et qu’il avait éprouvé lui-même, comme nous le dirons bientôt, que le repos d’un physicien peut être troublé par ces inculpations qu’on se permet souvent avec tant de légèreté.

Dans les expériences sur l’ossification, M. de