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ÉLOGE DE M. DE HALLER.


tous les temps, et presque à toutes les heures de l’incubation, lui offrait des avantages qu’il n’eût pas trouvés, en faisant les mêmes recherches sur d’autres genres d’animaux. Il suivit la formation du poulet, depuis l’instant où l’on aperçoit dans l’œuf une première apparence de changement, jusqu’à celui où l’animal quitte l’œuf dans lequel il s’est formé. Il vit, pour ainsi dire, les organes naître successivement sous ses yeux, acquérir de la vie et du mouvement ; se transformer, se perfectionner, prendre entre eux la disposition qu’ils doivent avoir dans l’animal ; les artères, les veines se développer ; enfin, il vit naître un poulet par l’accroissement et le développement d’un petit corps oblong et blanc, à quelque distance duquel on voit battre et se mouvoir une petite lame allongée, qui en paraît absolument séparée. Les vaisseaux du poulet naissant se confondent avec ceux du jaune de l’œuf, et forment avec eux un tout continu ; et comme ces vaisseaux du jaune s’observent dans les œufs non fécondés, M. de Haller crut pouvoir en conclure que le poulet existe tout formé dans l’œuf avant la fécondation. Il ne douta point que le fœtus ne fût également tout formé dans les femelles des animaux vivipares ; et il regarda cette observation comme une preuve concluante, en faveur du système du développement successif des germes. Peut-être cependant ne l’eût-il regardée que comme une simple probabilité ; peut-être ne se fût-il pas écarté en ce seul point de cette sagesse qui le rendait inaccessible à l’esprit de système, si dos raisons d’un autre ordre ne lui eussent