rait l’état de sa famille, qui lui laissait une liberté entière de suivre ses études, et lui offrait plus d’occasions de multiplier ses expériences et ses découvertes, il n’abandonnait cette patrie que pour se rendre plus capable de la servir, de contribuer à sa
gloire, et pour y revenir un jour plus utile et plus
considéré. Une autre raison pouvait contribuer à lui
faire quitter Berne : la difficulté d’y trouver des cadavres.
L’histoire des contradictions que les anatomistes
ont éprouvées à cet égard depuis Hippocrate
jusqu’à nos jours, ne serait pas une des moindres
preuves de cette singulière inconséquence de
l’homme, qui, passionné pour son bonheur, en néglige
les moyens avec tant d’indifférence, ou même
leur oppose les plus grands obstacles ; comme si le
genre humain, trompé par des hommes intéressés à
prolonger son ignorance et son malheur, s’était entendu
avec eux pour former une ligue contre ses
propres intérêts.
Les dix-sept années que M. de Haller passa à Gottingue furent celles de ses grands travaux, et c’est pendant cette époque qu’il a rassemblé ses titres à la gloire. Le détail de toutes ses recherches, la simple liste de ses ouvrages, passeraient les bornes de cet éloge ; et nous serons obligés de rejeter ce qui aurait pu être l’ornement et la gloire de tout autre, pour ne nous arrêter qu’aux grands ouvrages qui peuvent immortaliser le nom de Haller.
Il avait choisi, pour l’objet principal de ses études, la physiologie, cette partie de la médecine qui, pénétrant dans la structure intime des parties