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ÉLOGE DE M. DE HALLER.


poésies), a plus servi à cacher des beautés qu’à voiler (les défauts.

En 1734, la république de Berne établit un amphithéâtre public, où il enseigna l’anatomie ; il fut, malgré sa jeunesse, nommé médecin d’un hôpital ; enfin, on lui confia le soin de mettre en ordre la bibliothèque publique et le cabinet des médailles. Dans la première année qu’il fut chargé de ce travail, il dressa un catalogue raisonné de tous les livres de la bibliothèque ; il discuta et rangea, suivant leur ordre chronologique, cinq mille médailles anciennes.

Cependant il devait bientôt quitter sa patrie : George II, roi d’Angleterre et électeur de Hanovre, qui voulait faire fleurir l’université de Gottingue, y appela M. de Haller, et créa pour lui une chaire d’anatomie, de botanique et de chirurgie. Aucun grand ouvrage n’avait pourtant encore illustré le nom de Haller : mais les dissertations qu’il avait publiées annonçaient aux anatomistes un homme supérieur. Ceux qui étaient alors les plus célèbres voyaient en lui un savant qui pourrait un jour prétendre à la première place, mais qui ne leur disputait point encore celles qu’ils occupaient. Il se trouvait en ce moment, dans cette heureuse position où le mérite peut espérer une indulgence qu_’il n’éprouve qu’une fois, et même qu’il n’éprouve pas toujours ; où un savant, qui a fait assez pour mériter l’estime, et pas assez pour exciter la jalousie, ne reçoit de toutes parts que des marques de bienveillance : heureux si, dans une autre époque, il peut seulement obtenir de la justice ! M. de Haller