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ÉLOGE DE M. DE HALLER.


rope, naquit à Berne, le 18 octobre 1708, de Nicolas de Haller, avocat et chancelier du comté de Baden, d’une ancienne famille patricienne de la ville de Berne, et de Anne-Marie Engel, fille d’un des membres du conseil souverain de cette république.

Dès sa plus tendre enfance, M. de Haller annonça, non le génie, qui ne peut se manifester à cet âge que par des signes équivoques qu’on ne se rappelle jamais qu’après que le succès les a confirmés, mais cette activité d’esprit, cette facilité pour le travail, sans laquelle l’activité ne peut subsister ; cette mémoire prodigieuse, instrument nécessaire pour ceux qui veulent embrasser plusieurs sciences et suivre de grands travaux ; ce goût enfin pour former des recueils, auquel nous devons tant de bons ouvrages.

Né d’une famille où la piété était héréditaire, M. de Haller, âgé seulement de quatre ans, faisait, à la prière commune de la maison, des petites exhortations aux domestiques, sur des textes de l’Écriture. À neuf ans, il avait composé pour son usage une grammaire chaldaïque, un dictionnaire hébreu et grec, enfin un dictionnaire historique renfermant près de deux mille articles, extraits des dictionnaires de Moréri et de Bayle.

Ces talents prématurés n’étaient pas l’ouvrage de l’éducation ; au contraire, ils se développèrent malgré l’éducation. M, de Haller le père avait donné à son fils, pour précepteur, un homme à la vérité assez savant dans les langues, mais dont le principal mérite était la persécution que ses opinions thélogi-