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ÉLOGE DE M. DE BOURDELIN.


renaissance des lettres, cette latinité devint ridicule ; et les médecins, qu’un poète philosophe avait cherché à corriger de ce qui leur restait d’une ancienne barbarie, s’empressèrent de renoncer au latin des écoles ; mais, comme il arrive toujours, on alla un peu au delà du but. A une latinité trop commune, on substitua des expressions recherchées ; ces mots barbares furent remplacés par des termes choisis avec affectation ; au style scolastique, succéda un style fleuri, trop peu assorti aux idées qu’il fallait rendre : le style de M. de Bourdelin n’était pas absolument exempt de ces défauts ; mais il n’en avait gardé que ce qu’il fallait pour réussir alors.

La réputation qu’il avait acquise, en se livrant à sa bienfaisance, devint bientôt pour lui une ressource nécessaire. Le second mari de sa mère mourut en 1732, après avoir dissipé sa fortune et celle de sa femme ; il laissait des dettes considérables, au payement desquelles elle s’était engagée. Quelque étrangères que ces dettes pussent paraître à M. de Bourdelin, elles intéressaient l’honneur de sa mère ; il voulut les acquitter ; il voulut lui assurer une subsistance indépendante et convenable à son état : ces sacrifices absorbèrent une grande partie de sa fortune.

M. de Bourdelin avait alors un frère encore mineur, à qui les lois ne permettaient pas de partager les devoirs de son aîné : mais le premier soin du cadet, à l’époque de sa majorité, fut d’obliger son frère à lui accorder l’horreur de la moitié du sacrifice, et il l’obtint. M. de Bourdelin ne mit point