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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


la méthode, donnerait en même temps son histoire et ses propriétés : l’ordre méthodique semblerait avoir été dicté par la nature, et serait en même temps le plus commode pour appliquer les plantes à notre usage.

M. de Jussieu avait vu encore qu’en examinant les différents caractères qu’on peut employer, il s’en fallait de beaucoup que toutes les combinaisons possibles de ces caractères se trouvassent dans la nature : il en conclut qu’il y avait entre eux des relations nécessaires, que leurs combinaisons avaient été réglées par des lois ; que la découverte de ces lois devait être un des principaux objets de la botanique ; il crut voir surtout que la germination, le développement, la reproduction, et la nature des produits que donne l’analyse chimique des plantes, étaient liés par des lois de cette espèce. Une méthode de botanique fondée sur ces lois, et qui en donnerait en même temps la démonstration, n’était donc plus une simple nomenclature plus commode, une espèce de mémoire artificielle ; elle devenait le fondement d’une science : cet ordre de plantes, établi d’après les lois générales de la nature, paraissait à M. de Jussieu la seule véritable méthode de les étudier, et il lui donnait le nom de méthode naturelle. Ces lois de la botanique qu’il cherchait, ne pouvaient être saisies que par une longue et profonde méditation sur le nombre immense des faits que ses observations lui avaient fait connaître : aussi le voyait-on passer des journées entières dans son cabinet, sans plantes, sans livres, sans autres se-