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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


devaient servir de fondement à ces divisions, ou enfin à rapporter les plantes aux classes établies par les méthodes.

M. de Jussieu porta ses vues plus loin : il aperçut d’abord que parmi les caractères tirés de la forme ou du nombre des parties différentes des plantes, il y en a qui changent avec le climat, l’âge de la plante, la nature du sol qui l’a nourrie, et que l’influence de ces causes accidentelles est plus étendue que ne l’avaient soupçonné plusieurs des botanistes qui avaient proposé des méthodes. Il vit ensuite que parmi les caractères constants, il y en avait quelques-uns qui semblaient superficiels, pour ainsi dire, eu sorte que deux espèces de plantes qui ne différaient que par ces caractères présentaient les mêmes phénomènes dans leur germination, dans leur développement, dans leur reproduction, et donnaient dans l’analyse des substances semblables ; que par conséquent si de tels caractères servaient de base à une méthode, ils sépareraient des plantes que la nature avait rapprochées, ou rapprocheraient celles que la nature avait séparées : la manière dont les plantes se développent, croissent ou se reproduisent, et la nature de leur substance, parurent à M. de Jussieu devoir servir de base à la méthode de les classer. Ces caractères embrassaient les trois grandes époques de la vie de chaque plante ; les lois que la nature avait suivies dans leur formation ; les rapports des plantes avec les principes des corps et avec les besoins de l’homme : ainsi, en classant les plantes d’après les caractères, la place qu’occuperait une plante dans