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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


plique ; et l’origine de ces corps marins fut démontrée : on a développé depuis comment ils se forment ; et le mystère une fois découvert, n’en a été que plus merveilleux.

Notre histoire de 1747 rapporte une observation bien importante de M. de Jussieu. Depuis longtemps on faisait usage en médecine des sels et des esprits volatils qu’on retire des substances animales et de plusieurs familles de plantes, et que l’on sait maintenant n’être qu’un alcali volatil, partout le même, qui ne retient rien des substances dont on l’a tiré : Moïse Charas, membre de cette Académie, avait donné beaucoup de vogue à ce remède ; il le recommandait pour une foule de maladies, et il avait imaginé d’opposer le sel volatil de vipère au venin terrible de ces reptiles.

Des expériences faites sur des animaux, des observations sur lui-même et sur un de ses auditeurs, qui avait été mordu dans le cours de ses expériences, rendaient son opinion vraisemblable, M. de Jussieu avait fait encore plusieurs expériences pour constater l’efficacité de ce remède ; elles avaient eu du succès : un autre que lui eût donné ces essais comme des preuves certaines ; mais elles étaient en trop petit nombre pour qu’il se permît d’en tirer une conclusion ; il savait combien en ce genre on est exposé à se tromper, si l’on s’en rapporte au succès de quelques expériences ; combien il faut les avoir multipliées pour oser prononcer qu’un effet salutaire est produit par un remède, et non par des circonstances étrangères ; combien il arrive souvent qu’un remède