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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


sans oser risquer aucun ouvrage, et le premier mémoire qu’il ait donné est de 1739 : il a pour objet de décrire les parties de la fructification de la plante à qui la forme de la capsule qui renferme sa fleur, et qu’on avait prise jusqu’alors pour sa graine, a fait donner le nom de pillulaire.

M. de Jussieu avait suivi cette plante dans toutes les époques de sa durée ; il avait trouvé qu’elle était du nombre de celles qui n’ont qu’une seule feuille séminale, un seul cotylédon : elle est donc de la classe des monocotylédons, ajoute M. de Jussieu ; classe qui doit être la première dans la méthode naturelle. Ces derniers mots sont précieux ; ils prouvent que M. de Jussieu avait déjà senti à cette époque la nécessité d’une méthode naturelle ; qu’il en avait déjà posé les principes ; qu’il s’était déjà déterminé à tirer, des circonstances qui accompagnent la germination des plantes, les premières divisions de cette méthode ; principe fondamental que l’on retrouve, soit dans l’ordre des plantes du jardin de Trianon, soit dans celui qui a été établi au Jardin du roi. M. de Jussieu a si peu écrit, a été si peu jaloux de s’assurer la propriété de ses idées, que c’est un devoir pour nous de ne rien négliger de ce qui peut constater ses titres.

Il examina au microscope les différentes parties de la fructification de la pillulaire ; la poussière des étamines ne lui offrit point les mêmes phénomènes qu’il avait observés dans celles des plantes crucifères ; et M. de Jussieu remarque à cette occasion, et comme en passant, que si on jette ces poussières