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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


cultés de Paris et de Montpellier, professeur et démonstrateur de botanique au jardin royal, de la Société royale de Londres, des Académies de Berlin, Pétersbourg, Upsal, de l’institut de Bologne, etc., naquit à Lyon, le 17 août 1699, de Laurent de Jussieu, docteur en médecine, puis maître en pharmacie de la même ville, et de Lucie Cousin.

Il vint à Paris en 1714, achever ses études sous les yeux d’Antoine de Jussieu, son frère, membre de l’Académie royale des sciences, professeur de botanique au jardin du roi, et qui jouissait d’une grande réputation, soit comme botaniste, soit comme médecin.

A peine les études de M. de Jussieu furent-elles finies, que son frère entreprit, en 1716, un voyage pour examiner les plantes des Pyrénées, de l’Espagne et du Portugal. M. de Jussieu l’accompagna dans ce voyage : jusqu’alors il n’avait montré pour la botanique aucune préférence marquée ; c’était la première fois qu’il observait des plantes hors d’un jardin de botanique, et jamais il n’a oublié ni aucune de celles qu’il vit alors, ni le nom et la position des lieux où il les avait trouvées. On a vu souvent des hommes indifférents à tous les objets qu’on offrait successivement à leur attention, et montrant pour toute espèce d’exercice de l’esprit une indolence que l’on prenait pour de la stupidité, se porter tout à coup vers un objet pour lequel ils semblaient exclusivement destinés, le suivre avec une véritable passion, et déployer dès leurs premiers pas une ardeur et une sagacité qu’on n’eut pas soupçonnées ;