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ÉLOGE DE M. TRUDAINE.


parce qu’on se sent le courage qui supporte le mépris, et qu’on manque de celui qui brave la haine.

M. Trudaine préférait la société des savants aux sociétés brillantes que ses places ne lui permettaient pas de fuir, et où sa réputation d’homme d’esprit le faisait désirer. Il regardait les savants comme des citoyens utiles, comme des hommes supérieurs aux autres par leurs lumières, et qui, préservés par l’étude de l’ennui et de l’oisiveté, échappent aux deux causes de corruption les plus dangereuses peut-être, parce qu’elles sont les plus communes, celles dont on se défie le moins, et dont on a le plus rarement le courage de se défendre. Il savait estimer les savants, les servir, et ne jamais prétendre à les protéger. Cette conduite prouve qu’il a été du petit nombre des gens en place qui ont aimé les talents pour eux-mêmes, et non pour cette influence si puissante que le suffrage des hommes à talents a toujours sur l’opinion et sur l’estime publique.

Sa place d’honoraire à l’Académie a été remplie par M. le duc d’Ayen, que lui-même avait désiré d’avoir pour confrère, et qui nous a apporté les mêmes goûts, les mêmes lumières et les mêmes sentiments.

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ÉLOGE DE M. DE JUSSIEU.


Bernard de Jussieu, docteur en médecine des fac-