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ÉLOGE DE M. TRUDAINE.


meilleure manière de faire le verre métallique, connu sous le nom impropre de Flint-glass ; il fit exécuter une lentille plus grande que celles qui avaient été construites jusqu’ici, et destinée à des expériences de chimie, qui devaient ajouter une nouvelle branche à cette science. M. Trudaine, qui voyait les sciences plus encore en homme d’État qu’en physicien, semblait préférer la chimie à toutes les autres, parce qu’il la croyait la plus utile.

Les ingénieurs des ponts et chaussées furent chargés par lui de rassembler dans toutes les provinces les matériaux nécessaires pour connaître en grand, et d’une manière utile, l’histoire naturelle de France.

M. Trudaine avait cultivé la littérature française ; celle des Anglais, des Italiens et des Allemands, lui était familière. Nous ne parlerons pas ici de quelques ouvrages d’agrément, qui furent le fruit de sa jeunesse et de son goût pour les lettres, et que lui-même a condamnés à l’oubli. À la mort de son père, il parut désirer de lui rendre le triste devoir dont je m’acquitte aujourd’hui envers la mémoire du fils. Cet éloge, écrit avec élégance et avec noblesse, est un monument précieux pour l’Académie, et le seul ouvrage imprimé de M. Trudaine : la piété filiale pouvait seule lui dérober des instants dus à la patrie.

M. Trudaine fut bon ami, bon fils, bon mari, bon père. Aux vertus du citoyen et du magistrat, il joignit les agréments de l’homme du monde. Aimable et doux dans sa vie privée, se livrant à la