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ÉLOGE DE M. TRUDAINE.

L’activité du commerce et de l’industrie dépend de la multiplication des grandes routes, des ports de commerce, des rivières navigables, des canaux, des ponts qui unissent les provinces que la nature a séparées par des fleuves ; disons plus, sans tous ces moyens de communication, les provinces de l’intérieur d’un grand État, les cantons éloignés des grandes villes seront toujours sans fertilité, sans force, sans population ; les subsistances circuleront lentement, et la vie d’une partie du peuple restera toujours à la merci des saisons.

C’est ce qu’avait senti M. Trudaine le père, et dans cette partie, son éloge n’est plus séparé de celui de son fils. Il est doux de pouvoir unir ces deux noms chers à la patrie, chers à l’Académie, qui les a comptés longtemps parmi ses membres, et qui s’honorait de leurs vertus. Le département des ponts et chaussées prit entre leurs mains une activité et une importance que jamais ils n’avaient eues : toutes nos provinces furent réunies par des routes nouvelles ; les grandes rivières traversées par des ponts ; nos ports de commerce réparés et multipliés : la France entière prit sous cette administration une face nouvelle. L’intérêt du commerce et de la défense de l’État présidait à l’établissement des communications ; et pour citer un exemple unique peut-être dans l’histoire d’une monarchie, on vit, aux portes de la capitale, construire sur la Seine un pont de pierre destiné à une route de commerce, tandis que la communication de la cour qui, sous des administrateurs courtisans, eût été le premier objet de leurs