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ÉLOGE DE M. TRUDAINE.

M. Trudaine avait porté dans l’administration des manufactures, les mêmes principes de liberté qui avaient présidé constamment à toutes ses opérations sur le commerce. Dans ses règlements, dictés par le désir de perfectionner l’industrie, ou de la diriger, d’établir de l’ordre parmi les ouvriers, de veiller aux intérêts du public, ou même à sa sûreté, il ne voyait encore que des impôts qui renchérissaient le prix des denrées, des fers qui retenaient dans l’oppression la partie la plus pauvre du peuple ; des entraves qui retardaient l’industrie, au lieu de la régler ; des moyens enfin d’éterniser les préjugés, et de perpétuer l’enfance des arts : mais il n’en est pas des manufactures comme du commerce, qui, dans les principes de M. Trudaine, ne reçoit d’encouragement utile que la liberté. Il y a dans les arts des procédés imparfaits qu’il faut rectifier : chaque nation est en possession de secrets qui lui assurent la supériorité dans certaines fabriques, et dont un administrateur éclairé doit chercher à enrichir l’industrie de son pays. Il y a partout, et dans tous les arts, un point de perfection à se proposer, dont on est partout éloigné, et qu’on ne peut atteindre que par une suite de recherches et de découvertes. Sous ce point de vue, les manufactures ont besoin d’être encouragées ; mais l’encouragement devient inutile ou nuisible, s’il n’est dirigé par une connaissance approfondie des arts. Guidé par la théorie de la chimie et de la mécanique, M. Trudaine avait étudié les arts en philosophe et en homme d’État. Sous lui, nos manufactures se corrigèrent ; on ravit à l’industrie étrangère